vendredi 15 juin 2012

It's kind of a funny story


On devine immédiatement dans quelle catégorie classer ce film parce que : it’s kind of a funny story. Le titre nous dévoile déjà beaucoup sur cette petite réalisation américaine. On fait de l’indépendant, c’est une modeste comédie dramatique. On retrouve les thématiques principales du genre (on peut citer Juno qui est rapidement devenu populaire), le refus du système, source d’uniformisation, la marginalité de personnages en quête identitaire. Le film  se déploie d’ailleurs en véritable récit initiatique. Il s’agit pour le personnage principal de trouver ses propres capacités, de trouver confiance en lui-même et les différentes qualités qu’il peut avoir. La bande originale ne nous surprend guère, on passe de The XX (avec Intro) à  Elden Calder, des groupes ou artistes que le spectateur peut reconnaître, des groupes dont les morceaux semblent être conçus pour le cinéma indépendant américain. La musique occupe une position essentielle dans l'histoire, comme c’est souvent le cas, elle s’avèrera d’ailleurs thérapeutique. Le caractère « sans prétention » du film, son ton relativement léger, ses notes d’humour le dénuent de tout accent moralisateur, de tout constat sur la société. Il ne s’agit pas de faire du cinéma engagé sur la dépression, de décrier un système comme Detachment a pu le faire, on adapte simplement un livre lui-même inspiré d’une histoire vécue, le rapport à l’expérience personnelle est donc très fort. On s’intéresse ainsi à la dépression, ce que le synopsis du film pose d’emblée. Craig, un adolescent de 15 ans songe au suicide, demande de l’aide et est placé dans cet établissement où il rencontre des personnages aussi peu conventionnels que surprenants. Chacune possède une expérience différente mais on ne s’attarde pas dessus, on ne cherche pas les raisons de leur état dépressif. On apprécie tout particulièrement le fait que Craig insiste sur une idée : il ne sait pas pourquoi il déprime, il n’a pas de raison majeure pour aller mal, sa famille semble d’ailleurs assez intentionnée même si elle peut être source de pression, ce qui est relativement « normal ». La maladie est bien appréhendée, on la découvre peu à peu et c’est un agréable tableau qu’on nous donne à voir : celui de la vie qui reprend voire de la vie qu’on découvre ! Comme le montrera la dimension romantique du film, il s’agit de s’accepter tel qu’on est, que notre relation avec les autres nous fasse tendre au meilleur de nous même et non l’inverse. L’expression de soi par l’art en est un bon exemple, certes assez classique mais toujours efficace, on danse, on court, on respire, on vit. Tout est question de respiration, ce n’est pas un hasard si le verbe « breathe » est présent dans autant de titres de chansons, il s’agirait de se libérer de tout ce qui entrave notre respiration. Pour Craig, il faudra affronter la pression qui pèse sur lui, principalement concernant ses études, son avenir. La seule question qui importe alors ou qui devrait importer à ce moment clé de sa vie, c’est-à-dire l’adolescence est : « est-ce que mes choix sont bons pour moi, est-ce que je le veux vraiment ? » Et visiblement c’est la source de son problème. La vie est-elle aussi simple ? Peu importe, ce sont ces difficultés qui se juxtaposent et qui finissent par devenir oppressantes, l'empêchant de vivre et se présentant en obstacle, sources de dépression, elles le noient. On laisse les angoisses nous envahir, nous ronger de l’intérieur et finalement nous paralyser. Dans Little miss sunshine, film où la dépression est également très présente, Dwayne dit : “You do what you love, and fuck the rest.” c’est l’idée qui est reprise ici, ce n’est pas extrêmement original mais c’est efficace et toujours aussi sympathique.
Si le thème est relativement banal puisque l’on traite de l’adolescence (trouver sa voie, son identité, faire face à un mal-être intérieur, parfois dissimulé aux autres),  il n’est toutefois pas mal mené, bien au contraire, ce qui fait de It’s kind of a funny story un petit conte qui laisse le sourire aux lèvres, mission réussie pour Anna Boden et Ryan Fleck !





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