samedi 31 décembre 2011

Somewhere, stoïcité du non-héros

Somewhere, c'est l'histoire de Johnny, acteur qui se laisse diriger de rôle en rôle, qui accepte les situations qui viennent à lui s'en réellement s'en soucier, il protestera peu quand il devra s'occuper de sa fille, Cléo quelque temps.  On plonge alors dans le morne quotidien d'une star d'Hollywood et l'on comprend que la réalisation porte l'œuvre, il semble que la scénariste et la réalisatrice ne pouvaient être qu'une  seule et unique personne pour un tel film, film qui selon la rumeur ne parlerait de rien. Certes, Coppola a pour sujet de prédilection l'ennui mais peut-on pour autant confirmer cette idée reçue ? Ma réponse sera pour une fois catégorique : non.  Ce film évoque peut-être le ressenti du vide, il nous propulse entre la douce nonchalance et la dépression mais il ne parle pas de rien, non seulement il n'est pas vide de sens, théorie qui l'inscrirait dans un cinéma purement contemplatif mais il est extrêmement riche, bien plus qu'on aurait pu l'imaginer.
Le choix du plan fixe pour les danseuses est subtile, cela leur permet de sortir du cadre lorsqu'elle se dandinent près du sol.  Le regard figé de Johnny nous est transmis par cette vision subjective, ses yeux possèdent une fixité, une sorte de non-vie ce que renforce l'éloquent silence de la première partie du film. Sans que l'on s'en aperçoive vraiment, la musique se fait de plus en plus présente. Le corps de Johnny semble vide, il se meut dans un univers qui ne peut plus le toucher, il assiste gelé à ces petites séances de danses sexy en spectateur passif,  les thèmes du chaud et du froid sont fortement marqués, ce dernier étant prédominant par exemple à travers l'eau, la glace au chocolat, la pâte qu'on lui applique sur le visage, etc. Lors de la scène du massage on observe derrière la table un tableau qui repose sur le sol, on y distingue le mot Cold écrit en gros caractères. L'huile de massage réchauffera-t-elle notre glaçon ambulant ? Rien n'est suffisamment efficace pour l'éveiller, l'alcool, une voiture qui va de plus en plus vite mais ne fait finalement que tourner en rond, des femmes qui s'exhibent de manière de plus en plus inventive et parviennent à lui tirer un faible sourire, sans valeur. Rien ne peut réveiller son être, on ignore d'ailleurs s'il en a l'envie, il demeure donc à côté du monde et de sa propre existence, son esprit n'appartient plus à son corps, il a glissé ailleurs, on ne sait où. Johnny n'est pas. Les philosophes grecs pourraient parler d'ataraxie une suspension des passions devant menée à une certaine quiétude...
Il dit "Cléo, t'as vu ?" en effet c'est le regard qui importe le plus dans sa vie, on s'en aperçoit dès le début du film, il le recherche mais laisse une barrière entre lui et le monde. Il garde toujours ses lunettes de soleil  en sortant, probablement en raison de sa notoriété.  On constate le décalage entre la réception de ses films ou de sa propre image et de ce qu'il est lui-même. Le plus surprenant étant qu'il ne joue aucun jeu, on n'entre pas dans ce cliché facile. Il erre, morose se laissant porter par les situations qui viennent à lui.  Le plan récurrent le dévoilant allongé sur son lit illustre son état général, lors d'une soirée, d'une séance photo il n'est pas dans une position différente, il ne ressent rien d'autre qu'en étant somnolant. Assister à l'évolution d'un être paralysé peut nous fasciner, cet homme qui s'était lui-même mis en mode pause ne peut plus rien ressentir, ni joie ni peine. C'est pourquoi on le caractérisera de non-héros.  Cette star déprimée,  en prise avec l'absurdité du monde peut vaguement nous rappeler celle de This must be the place avec Sean Penn, il semblerait que cela soit dans l'air du temps.

Cet individu est momifié, littéralement lorsque l'on prépare son masque pour un rôle. (On s'interroge d'ailleurs : son nouveau visage ne reflèterait-il pas ce qu'il est devenu en son cœur ?)  La seule chose qu'il puisse faire est respirer, en attendant. Mais qu'attend-il ? On ne le sait pas vraiment tout comme on ignore qui lui envoie des SMS accusateurs. Pour Johnny il s'agit donc de vivre en attendant qu'un évènement le sorte de sa torpeur, ce ne sera pas fulgurant, plutôt une lente progression. Une lueur est apparue dans ses yeux, de manière inespérée quand sa fille patinait. C'est peut-être elle le soleil qui le dégèlera, excusez le lieu commun mais il me semble particulièrement approprié au film. Cette fille calme, et réservée c'est lui sans les ravages de la vie, elle sautille encore. Elle croît à son art, se perfectionne. Poussée par la vision d'un avenir, motivée par des projets qu'elle ne peut qu'imaginer. Ce merveilleux élan vers le lendemain qui motive cet âge s'envole sous le poids de l'expérience, Coppola l'illustre avec brio. Cet ailleurs vivant est donc en sa fille, la seule partie de lui qui bouge.
Lors de la 36 ème minute, Johnny respire fortement sous cette épaisse pâte qu'on lui a imposée, on semble vouloir montrer qu'il est encore en vie contrairement à ces masques de silicones à l'expression figée d'horreur que l'on aperçoit en arrière-plan. C'est désormais le seul élément qui le retienne à la vie : il respire. On note également que c'est une fois l'équipe partie que les inspirations se font plus profondes, cela nous mène à une certaine réflexion. En société, il reste en apnée et reprend son souffle quand il est seul mais ce besoin de l'autre fait résurgence à l'arrivée de sa fille. Il ne pourra plus fuir cette petite lueur qu'on avait vu dans ses yeux au début du film.
Cléo est une artiste, une poète dans le sens originel du terme, c'est-à-dire qu'elle créé au lieu d'être créée par les autres, à leur convenance. Johnny se laisse aller aux mains de chacun comme un mannequin sans âme, ce sentiment de vacuité a envahi tout son être, il a cessé de lutter et erre sans motivation d'hôtel en hôtel, de tournage en tournage. Tandis que sa fille tape dans la balle de tennis, il se contente d'être la balle de tennis. (idée déjà esquissée au début du film  avec les danseuses sexy possédant des raquettes) On suppose qu'il s'est senti obligé d'adopter cette froideur qui le caractérise. Il n'avait pas le choix, c'était son moyen de résister au monde, de le relativiser de ne pas prêter d'attention à ce qui lui arrivait, la philosophie des stoïciens qui pouvait être une force est devenue sa faiblesse. Cela nous mène évidemment à une interrogation : l'homme être terrestre, peut-il vraiment la faire sienne ? Revenons à la relative insensibilité du personnage principal, il ferme une partie de lui au monde pour ne pas se faire dévorer par la société. Il les laisse imaginer ce qu'ils veulent pour protéger ce qu'il est vraiment mais au fil du temps il s'est perdu, sa vie n'est plus motivée. Le motif de la voiture revient souvent, ce qui compte c'est la conduite qu'on en fait, notre destination. Cette petite métaphore de la vie s'étendra d'un bout à l'autre du film. Mais Johnny ne va nul part, son essence s'est ainsi envolée "somewhere".
Cléo joue, nage, dessine, patine. Il dort, il observe, reste dans le jacuzzi. Et pourtant ces deux là, très attachés à leurs téléphones portables se ressemblent. L'adolescente intériorise ses sentiments, elle craquera à la fin du film, et pleurera tout comme son père. On peut considérer leur relation comme un échange sur le mode de la respiration. Il lui apprend une capacité : nager sans respirer, c'est-à-dire en apnée, se mouvoir dans le monde en retenant son souffle, matière de l'intériorité. Il ne s'attache pas aux femmes qu'il fréquente, il couche avec elles mais ne souhaite pas  créer de liens, ce que certaines ne comprennent pas. Avec sa fille, c'est différent puisque leur relation de sang ne peut s'altérer. Il l'aime et même s'il pourrait être tenté de s'en éloigner, il ne le fait pas et ce pour une bonne raison : il a besoin d'elle. Elle réanime l'enfant qu'il a pu être.  Après s'être amusés dans la piscine, ils mangent de la glace un soir, alors qu'elle pourrait dormir, elle semble en avoir envie ou besoin.  Pour évoluer dans le monde, on a besoin d'une certaine dose de glace, de stoïcité mais on ne peut laisser celle-ci prendre le pas sur notre humanité. Serait-ce là le message du film ? En effet Johnny totalement détaché de l'univers qui l'entoure comme s'il avait glissé du stoïcisme à l'épicurisme...
 
Faisons une pause avec "Teddy bear" chantée par Romulo Laki

"Baby let me be,
Your lovin teddy bear
Put a chain around my neck,
And lead me anywhere
Oh let me be
Your teddy bear.

I don't wanna be a tiger
Cause tigers play too rough
I don't wanna be a lion
Cause lions aint the kind
You love enough.
Just wanna be, your teddy bear
Put a chain around my neck
And lead me anywhere
Oh let me be
Your teddy bear.

Baby let me be, around you every night
Run your fingers through my hair,
And cuddle me real tight"

Cléo se sent abandonnée, Johnny se sent profondément seul, on distingue dans le film deux sortes d'ennuis, un positif que l'on pourrait qualifier de contemplatif, il s'agit des  moments qu'ils partagent ensemble et un autre intrinsèquement lié à la solitude que tout homme a pu un jour ressentir dans sa vie. Tout ce qu'il recherche c'est de la tendresse, de l'authentique mais le monde superficiel dans lequel il évolue ne peut réellement lui offrir alors il s'auto-protège, on suppose que ce sont des blessures passées qui l'on mené à ce repli sur lui-même ou plutôt cet oubli de lui-même, cette  mise à l'écart de son souffle vital. En étant froid et sans vie, il parvenait à ne pas sombrer. Il a peur de l'altérité mais avec sa fille, c'est différent, c'est ce qui rend leur relation si particulière. Fréquenter les autres, Cléo doit s'y préparer puisqu'elle va en colonie de vacances. Contourner les règles sans en avoir l'air Johnny le maîtrise parfaitement, en restant impassible bien sûr. Il n'évoque rien de bien entreprenant, il suffit de cacher un peu de nourriture dans son armoire au cas où elle aurait un petit creux. Chacun donne donc à l'autre une partie de lui-même. C'est un juste équilibre à trouver : il lui a appris à retenir sa respiration quand il le fallait, elle lui a rendu son souffle. Ainsi, il pourra vivre dans les meilleurs moments, elle survivre dans les pires mais idéalement chacun devrait faire face à l'adversité sans perdre sa motivation de vivre. Enfin, il renverra la balle de ping-pong, on aura un véritable échange avec sa fille. Question, réponse. Nous avons enfin une interaction avec le monde mais pas n'importe lequel, le sien. Il faut attendre 1h 13 pour qu'il s'éveille mais enfin il nage, il sourit. Elle ne pourra pas le quitter, elle ne pourra rien attendre d'autre de lui que d'être son père. Aucun poids, il se sent léger et libéré en sa présence, comme le montre symboliquement le plâtre qu'il retire avec joie. Il peut-être à l'aise, lui-même. Alors qu'il semblait chagriné de devoir emmener sa fille avec lui, il souhaiterait désormais qu'elle reste un jour de plus en sa compagnie. Il n'est plus seul, ce n'est pas feint et il peut revivre. A 1h16 on le voit, au premier plan jouant du piano, il agit, il parvient à remuer ses mains, ses liaisons nerveuses semblent à nouveau reliées à son cerveau. La minute suivante, on aperçoit la fameuse voiture roulant vite mais plus à vide. Au lieu d'y accueillir un fantôme elle abrite deux personnes qui s'aiment et se comprennent, à leur façon, Somewhere est donc aussi l'histoire d'une relation père/fille singulière, probablement à l'instar de celle que la réalisatrice a entretenu avec son père.
Pour survivre, ses parents ont délaissée Cléo, alors qu'elle leur aurait permis de vivre.  Qui peut-on blâmer ? Personne. Le monde est absurde comme on peut le voir à travers le système qui enferme l'acteur, qui l'emmure. Les télévisions se précipitent telles des charognes sur les petits bouts de vie qu'elles peuvent trouver mais en en façonnant l'image elles en détruisent l'essence. Sur l'écran, dans les reportages, dans les festivals on ne verra jamais du vrai. C'est notre société qui fonctionne de cette manière, telle un rouleau compresseur elle risque à tout moment de nous écraser et de nous engloutir dans ses profondeurs. Alors on a peur, on ne réagit pas forcément de la meilleure des façons, puisque l'homme n'est pas perfectible. Dans le pire des cas, comme Johnny on devient solitaire, cela ne signifie pas qu'il a oublié les autres, peut-être tout simplement qu'il se sent trop faible et ne peut s'occuper de personne d'autre que de lui-même, ce qui explique son absence dans la vie de sa fille, la fuite de ses responsabilités. Il l'aime profondément, lorsqu'elle pleure dans la voiture on devine que sa détresse ou sa solitude lui brise le cœur, cela le renvoie à ses propres angoisses. Mais il la laisse partie en colonie de vacances, il reprend ses distances pour survivre en attendant d'avoir la force de vivre. C'est progressif, c'est difficile, c'est le fruit d'une lente évolution et c'est ce que je vois en Somewhere. Si l'on me dit que c'est un film bâti sur du néant, je répondrai alors que c'est vous les critiques amateurs ou professionnels qui n'y voyez rien, aveuglés par les phares de la société.

Penchons-nous désormais sur la fin : est-ce un retour à la case départ ?

"Je suis rien, je veux rencontrer Jules Verne."dit-il au téléphone à Leila, la mère de Cléo.

Alors qu'il avait trouvé le moyen de supporter la solitude avant de renouer des liens avec sa fille, cela le déchire désormais. Il a besoin de quelqu'un mais personne ne vient, Leila lui dit non, elle sent que ça ne va pas mais elle n'en perçoit pas l'ampleur, elle dit juste "non" et reste éloignée, inatteignable, le figeant dans sa solitude, alors qu'il avait fait la difficile démarche d'avouer sa faiblesse, de saisir le téléphone et de composer un numéro. Ce qu'a fait sa fille est à la fois merveilleux et horrible, en réveillant la vie en lui elle en également la réveillé la douleur. N'étant plus froid,  il tombe dans les gouffres du désespoir. Après une lente anabase on assiste à la catabase alors que la non-vie le maintenait dans une certaine médiocrité, aucun excès de sentiment. Maintenant qu'on lui a enlevé ce fameux don de ne rien ressentir, comment peut-il tenir le coup et ne pas s'effondrer ? Comment peut-il se lever chaque matin ? Les gestes sont donc mécaniques, l'eau des pâtes est brûlante mais il n'y prête aucune attention, il les verse dans l'égouttoir, sans rien penser ni sentir. On suppose qu'il prend des anxiolytiques (d'après le début du film), ils l'aideront sans doute pour le quotidien mais jusqu'à quand ? Alors il flotte encore sur l'eau pour redevenir comme avant, et s'insensibiliser à la vie. Le jour est venu où rester dans son hôtel, tourner en rond est devenu insupportable, on ne sait où il va mais il doit partir, bouger, évoluer. Il prend donc la route jusqu'à ce que la voiture n'ait plus d'essence et continue à pied, l'horizon s'étend à perte de vue, cependant il avance tout droit, tout seul certes mais droit devant lui. (On se rappelle d'une fin semblable : celle de Seul au monde...) On ignore où il va, peut-être que finalement, lui non plus mais au moins il avance...
"Ne pas monter bien haut peut-être,  mais tout seul" disait Cyrano...

jeudi 22 décembre 2011

Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley )

Critique

On connaît tous de manière plus ou moins vague l'histoire mouvementée de l'Irlande, le combat forcené de ses indépendantistes contre les troupes anglaises au début du XX ème siècle. Mais nos connaissances sur le sujet restent floues et finalement peu d’œuvres en font leur objet, The Wind that Shakes the Barley vous plonge au milieu d'un groupe de résistants et plus particulièrement de la vie de deux frères puisque Damien rejoint le combat deTeddy, l'aîné. Ken Loach est assez froid, c'est anti-hollywoodien et je trouve cela intéressant. Ne pas avoir fait du flamboyant avec une belle photographie, une belle BO cela sert le scénario. En effet, s'il y a des larmes, le larmoyant est aux antipodes du film. Le réalisateur n'a pas voulu jouer avec l'âme celtique et n'a pas fait ce qu'on pouvait attendre de ce genre de film, si cela peut nous sembler déstabilisant, il faut comprendre que c'est un choix. Ken Loach prend parti, toujours, on est prévenu :  il fait du cinéma engagé. Cela nous aide à prendre conscience des évènements qui se sont déroulés en Irlande, on peut d'ailleurs considérer que ne jamais se situer du côté de la Grande-Bretagne rééquilibre l'histoire, il s'agit de révéler ce qui était resté dans l'ombre. Cette guerre est souvent tue, porte-t-elle seulement le nom de guerre ? L'accent est mis sur la pauvreté du pays, on comprend que beaucoup aient décidé d'émigrer, le film n'est pas tourné en épopée à l'Américaine d'ailleurs. Le réalisateur a voulu faire ressortir de la dureté, par la forme et le fond avec les violences, les cris, les paysages... on ne peut nier cette réussite. Le plus intéressant et poignant, ce sont les déchirements au sein même de l'Irlande, le début est très dur, montrer tant de violence était-il utile ? Dans le but de choquer, oui et cela fonctionne. On remarque quelques longueurs dues aux longues discussions politiques, ou tergiversations des indépendantistes,  la marque de fabrique du réalisateur, c'est relativement long mais assez réaliste, cela permet d'autre part de montrer les divisions internes aux groupes indépendantistes, les dilemmes moraux auxquels ils sont confrontés, le cinéaste ne se contente donc pas de faire un film à l'honneur des irlandais oppressés, ce qui correspondrait à un motif social de fond mais fait ressurgir de manière éclatante la complexité de la situation qu'ils ont vécu sur le plan humain ou politique.

Nommé en même temps que Marie-Antoinette (l'excellent film de Sofia Coppola), Le Vent se lève a remporté la palme d'or.  On peut penser qu'il a été choisi car il ne correspond pas aux films que le spectateur a l'habitude de rencontrer sur son chemin, qu'il soit cinéphile ou non. Cela reflète une volonté de récompenser un cinéma moins populaire, les films de Ken Loach étant peu diffusés (au cinéma comme à la télévision), peut-être qu'il existe aussi des enjeux politiques dont on n'a pas conscience, je ne pense pas que ce prix ait ravi les Anglais... Bref, il s'agit d'un film marquant, probablement le meilleur de Ken Loach.

Le titre du film fait référence à une vieille chanson irlandaise qu'on entend lors de la marche dans la brume...


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