jeudi 31 mars 2011

Pushing daisies la surréaliste

Cette série est totalement hors-norme, les scénaristes réactualisent le conte et nous proposent un univers étonnant. En effet il ne s'agit plus de produire du vraisemblable mais bien une narration fantaisiste, ce qui  paraît également à travers la réalisation, rencontrer la maison de pain d'épice d'Hansel et Gretel ne nous surprendrait pas. Les décors sont surréalistes,on retrouve des intérieurs surchargés, des décors "british" chez les tantes de Chuck tandis que Le "Hole pie" esquisse davantage les cafés à l'américaine. Cet univers hétéroclite est uni par des couleurs vives, la prairie verte, les pâquerettes et leur jaune flamboyant, le bleu du ciel radieux... Les personnages sont quant à eux aussi caricaturaux que touchants. Cet univers original peut déstabiliser le téléspectateur, la première fois que j'ai vu Pushing daisies, je n'ai pas accroché, je ne pouvais pas car c'était trop inhabituel, trop coloré et décalé dans un paysage audiovisuel relativement conformiste. Mais lorsque les épisodes ont été diffusés j'ai pensé : "tiens revoici cette drôle de série sur NRJ 12..." et au fil des semaines je me suis attachée aux personnages, à leurs histoires. La relation entre Chuck et Ned est vraiment surprenante, il n'en existe plus de telle à la télévision, nos deux amoureux font preuve d'exception mais est-elle réellement déceptive ? Les lèvres de Chuck que la mise en scène sait mettre en valeur semblent, à chaque instant attirer Ned mais il ne peut les toucher, ne serait-ce que les effleurer. Cette incarnation, au sens propre de l'amour est donc impossible, cela crée chez les personnages comme chez le spectateur une attente. Mais la situation est acceptée, ils en sourient et la subliment par le regard, tout simplement. Comme la caméra le montre, lorsqu'ils se croisent, le monde disparaît. Cela pourrait sembler "clichesque" (on pense aux classiques hollywoodiens tels que "Casablanca") mais cette liaison, dénuée d'un caractère érotique (c'est le destin qui éloigne le caractère sexuel de leur passion, caractère totalement absent de la série) reste enfantine et se mue dans le cercle protecteur de l'idéal, un idéal immuable.C'est pourquoi ce baiser peut-être considéré comme l'un des plus beaux de la télévision !


Les personnages principaux sont tous hors-normes, honnêtes et innocents,  ils ont gardé leur âme d'enfance. Cette fraîcheur, cette spontanéité est agréable, à contre-courant des autres productions. Les bonbons, les pâtisseries, les couleurs, cette drôle d'idée de pouvoir réveiller un mort en le touchant, cela ne vous rappelle-t-il pas la vision que vous aviez du monde étant enfant ? Le détective plus cartésien pourrait ramener à la réalité mais il n'est au final pas si différent des autres. Intéressons-nous donc à la tarte, objet omniprésent dans Pushing daisies. Ce symbole est fort et je pense que sa place centrale dans la vie de nos héros n'est pas un hasard. Elle devient en quelque sorte l'emblème de l'enfance, le moyen de lutter contre le monde adulte. Comme le narrateur le suggère souvent, Ned est serein quand il cuisine, il se sent en sécurité avec ses tartes. Or les figures parentales sont peu présentes dans la série, d'ailleurs les tantes de Chuck sont un peu inquiétantes et elles ne connaissent pas le secret de Ned, elles ne peuvent faire partie de sa vie, cette tarte ne constituerait-elle pas alors un substitut maternel ? Quand un personnage pleure on lui propose de la tarte, un usage presque cathartique ! (dans le pilote déjà, Ned évite une question gênante par "Pie time") En exagérant ce raisonnement, l'on pourrait remarquer la proximité sonore en anglais des mots die et pie, les deux spécialités du pâtissier. Il déclare en effet : "La mort, c'est mon parfum". Un vivant a besoin de manger, ainsi la tarte permettrait de lutter contre la mort, d'affirmer la vie. Et c'est ce que fait cette série, il ne s'agit pas véritablement de la mort mais plutôt de comment vivre avec elle. Chuck et Ned la connaissent bien, si bien qu'ils ne peuvent avoir une vie normale et malgré tout ils vivent, ils chantent et sont heureux, entiers.


La série est hélas trop courte, ce ton drôle et décalé construit autour de la mort ne semble pas convenir aux audiences puisque Dead like me (du même créateur, Bryan Fuller) a également été annulée après deux saisons. Les accidents ou les meurtres tous plus farfelues les uns que les autres m'ont immédiatement fait penser à celles de Georgia et des autres...

Je terminerai par une petite citation de Gaston Bachelard : "Imaginer, c’est hausser le réel d’un ton."
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jeudi 17 mars 2011

Petite chronique en série : The Dead zone.

Une petite critique qui rappellera probablement des souvenirs aux amateurs de la trilogie du samedi sur M6, il y a quelques années. Grâce à son ambiance sombre, ses intrigues prenantes et son thème principal : le destin The Dead Zone était devenue une des séries incontournables des années 2000...
http://thedeadzone.blog.co.in/files/2008/12/the-dead-zone.jpg
Le plus remarquable était la capacité de la série à vous plonger dans son atmosphère.  Les couleurs étaient plutôt sombres, on évoluait souvent la nuit, sous la pluie, les premières visions étaient d'une très bonne qualité visuelle. En fait, le générique et la musique suffisaient à vous y immerger. Aujourd'hui, les rediffusions de Direct Star m'évoquent cette époque où j'éteignais la lumière et, entendant le lancement de la trilogie du samedi, cessait tout mouvement pour observer religieusement le générique et pénétrer le plus rapidement possible dans l'épisode. (on est sériephile ou on ne l'est pas !)


Johnny, c'était ce personnage aux deux identités, avant l'accident le gars sympa, très sociable prof de chimie, fiancé...une vie normale. Après c'était le gars marginal, medium qui devait accepter sa nouvelle vie, sans regretter le passé, un gars face à son destin, destin qu'il n'avait par définition pas choisi ! On retrouve un peu le même thème que dans Veronica Mars, c'est-à-dire la dichotomie de l'être. Le personnage s'endurcit, devient plus froid, cynique, mais surtout lucide quant au monde, pour Johnny cela s'avèrera au sens propre puisque ses visions lui permettront de tout voir, tout savoir.
Et la rupture entre les deux parties de sa vie* est menée de façon brillante, d'une part on découvre dans un épisode spécial les circonstances de l'accident, d'autre part on comprend que Johnny était prédisposé à ses visions, petit il avait eu un accident sur un lac gelé...(tout ceci étant la base du roman de Stephen King)
On a comme Sarah ou Johnny la sensation qu'une toute autre vie aurait pu être la leur. Cela induit une ambiance morose, une relation toujours gênée entre les personnages. On ne se situe plus dans la normalité comme s'ils vivaient dans un monde parallèle à la réalité, un monde faux. D'ailleurs on a toujours du mal à y croire et les visions nous troublent souvent. Comment savoir ce qui est réel et ne l'est pas ? Ce qu'on pouvait trouver de façon ponctuelle dans d'autres séries ( dans Buffy par exemple où l'on retrouve la tueuse dans un asile psychiatrique : ses parents  lui expliquent qu'elle a déliré pendant plusieurs années, que les vampires ne sont que le fruit de son imagination, sur le même procédé le fantastique est remis en doute dans un épisode de Smallville) est ici récurrent. Peut-être que la vie de Johnny n'est qu'un long rêve, qu'un matin l'odeur du café le réveillera, qu'il rejoindra Sarah dans la cuisine et retrouvera une vie normale, peut-être qu'il est toujours dans le coma et ne se réveillera jamais. Cette sensation d'être sur  une voie déviante de la vie est extrêmement intéressante pour la psychologie des personnages ainsi rendus touchants. Cela nous mène également à réfléchir sur les séries : que sont-elles d'autre qu'une vision fictive du monde ?

John Smith, le nom choisi par Stephen King est lui-même révélateur, au premier abord il peut nous surprendre parce qu'il fixe à un homme extraordinaire l'identité d'un Monsieur tout le monde. Mais en fait,  c'est ce qu'est Johnny . Alors qu'une partie de son existence est détruite, ses visions le glissent  dans la peau des autres. John Smith c'est ce gars dépossédé de son identité, ce gars qui trouve un sens à sa vie dans celle des autres. Mais il refuse de se projeter dans l'avenir, jeter sa canne signifie rejeter ce destin prédéfini, il ne se voit pas comme un envoyé de Dieu, contrairement à ce que le révérend Purdy peut penser. Tout en ne pouvant pas avoir une vie normale, il refuse de la placer sous le signe de l'extraordinaire. On peut ainsi dire que Johnny  errant entre deux mondes n'est jamais vraiment sorti du coma, ces années de non-conscience à flotter entre la vie et la mort ont tout changé, jusqu'à son identité. Si enfant, il se démarquait déjà des autres, il avait encore le choix mais son existence est désormais façonnée par le poids du destin.

Il y aurait encore beaucoup à dire à propos de The Dead Zone, d'Armageddon, de Greg Stillson, de Sarah ou de Walt mais cher lecteur, ce sera pour une autre aventure. En attendant je vous laisse avec le premier générique de la série. (excellente chanson de Jeff Buckley : New Year's prayer)




*The Dead Zone est diffusée depuis le 16 juin 2002 aux Etats-Unis, environ un an après les attentats du World Trade Center. L'accent étant mis sur la rupture entre le passé et le présent, rupture qu'on vit au quotidien avec Johnny plus encore que dans le livre (également en raison du format feuilletonnant), on peut se demander si ce n'est pas l'écho du traumatisme américain...Il est évident que celui-ci a influencé le petit écran...

samedi 12 mars 2011

Black Swan, l'irrémédiable transcendance

Black Swan, quelques pensées au fil du film comme je l'ai fait pour Pulp fiction. (l'équivalent d'une analyse linéaire pour les livres...)

D'excellent articles ont déjà été écrits à propos de lui, je n'ajouterai probablement rien de neuf mais voici tout azimut quelques remarques...


Attention cet article dévoile les intrigues du film.


Avec Black Swan, on vérifie encore la théorie selon laquelle tout est dit depuis le début.

Pas d'introduction, on en sait peu sur Nina on rentre in medias res dans cet univers étrange, oppressant. Il s'agit bien d' un drame intime.

Premières images, on observe la majesté de la danseuse étoile, elle est éclairée par les projecteurs et semble plutôt sereine. On a découvert le premier personnage, j'ai nommé : White Swan.  Il se meut harmonieusement sur la scène mais une ombre s'approche, inquiétante pour le pervertir, le renverser en ange noir. Nous avons fait connaissance avec le deuxième personnage, j'ai nommé : Black Swan. Tout cela après 1:30. Record explosé, c'est un chef d'œuvre* ! CQFD, la critique est terminée. Je vous avais bien dit qu'elle serait rapide.


Ne vous inquiétez pas, cher lecteur, non je ne vais pas vous abandonner maintenant ! On continue donc : à la cinquième minute environ apparaît la figure de l'autre, le double,  le verso. Il est révélé par des jeux de miroir ou par des reflets sur les vitres. Chaque personnage clé est vu au moins une fois à travers cette représentation. Est-elle fiable ? Telle est la question car un miroir, ça déforme, une caméra, ça ment.  On aperçoit également le portrait d'une  danseuse, toujours dans le thème de la représentation de soi et de l'autre.
(extrême cohérence quand on connaît le déroulement du film)

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Nina marche, on la suit en caméra subjective telle une ombre sur ses pas qui cherche à la rattraper.

La dualité de l'être apparaît avant les auditions "laquelle d'entre vous pourra incarner les deux cygnes, le noir et le blanc" ?

Dans la salle de maquillage en volant le rouge à lèvre elle s'imagine déjà dans la peau de l'élue,  les cercles de la perfection l'attirent déjà,  elle les touche et n'en a jamais été si proche. Alors quand sa prestation n'est pas appréciée ("Attaque, attaque, attaque !") parce qu'elle n'est pas suffisamment dans la séduction, dans la passion pour faire un black swan, elle se sent perdue.  Le monde tournoie autour d'elle, elle n'a plus aucun repère et l'autre, plus précisément l'agresseur s'introduit dans la salle , il s'agit de Lily qui a les faveurs du maître suprême, du professeur  à l'aura percutante. Nina perd l'équilibre.

Cette quête de la perfection peut vous détruire, elle vous emprisonne et vous coupe du monde extérieur, vous n'appartenez plus qu'à votre quête. Après l'audition, mal à l'aise elle se retrouve seule aux toilettes et rentre chez elle, avec toujours cette caméra subjective qui la suit, qui pèse sur elle comme l'ombre du fatum malfaisant. Brièvement elle voit son propre visage à la place de celui d'une passante. Elle se perd elle-même, son âme se dédouble dans les profondeurs de la ville. (le trajet, le chemin du retour symbolise de façon courante le voyage de la vie, ici il se fait en métro, ce n'est pas anodin)

Le passé de Nina c'est le white swan avec  sa chambre d'enfant, sa boîte à musique. Pour s'en départir elle met du rouge à lèvre mais il ne suffit pas de maquillage pour se transformer en sombre animal. Cette mutation est possible car on a tous une part d'ombre en nous, ces profondeurs peuvent être fascinantes mais Nina n'a pas idée de ce qu'elle peut perdre en s'y engageant, toutefois elle le pressent et le craint sans pouvoir dévier son trajet.

"perfection","transcendance" Ces mots martèlent notre esprit, cette quête obsède Nina.

La passion amoureuse ou ici la tension sexuelle peuvent faire surgir cette force intérieure que Nina a en elle "You bite me" dit Thomas, surpris.

"Cette force maléfique te contrôle sans que tu puisses y échapper. " indique une chorégraphe. Elle devra se métamorphoser pour le rôle,  cet art qui se veut si passionné marquera son existence, sa chair.  On le découvre avec sa mystérieuse blessure dans le dos. (le miroir, les tableaux, la blessure...ça me fait beaucoup penser à l'histoire de Dorian Gray)

La mère omniprésente (La relation est assez malsaine entre les deux personnages) semble veiller sur sa fille comme un ange gardien, la figure maternelle ramène à l'enfance, elle veut garder son white swan et redoute l'apparition pourtant inévitable du black swan.

A l'hôpital, la première vision de la blessée se fait par son reflet sur la porte. Ce thème est décidément omniprésent, à croire que le film est un vaste kaléidoscope où se reflètent les âmes dédoublées des danseurs. Or l'art c'est du reflet, de la représentation du réel plus ou moins fidèle, on peut se demander si l'image peut incarner l'essence. En l'occurrence la réalisation n'est pas réaliste et transparente, elle déforme les plans elle pèse sur les personnages, oppresse le spectateur. Cette forme d'art, quasi surréaliste prend la forme d'une âme torturée.

La déformation du corps, cette chair marquée profondément bouleverse Nina parce qu'elle y voit son propre avenir. Sa peau est elle-même marquée. Et pourtant c'est inéluctable, elle a son destin en face d'elle.

On trouve de façon croissante un mélange de peur et d'attraction. Comme le montre la répétition de la formule "Let it go" elle devra dépasser cette peur pour devenir le Black Swann.

Dans le bar Nina dit à propos de l'histoire "That's not happy. That's beautiful actually." C'est l'histoire du Lac des Cygnes, c'est l'histoire de Nina, c'est l'histoire du film.

 Elle vomit pour rejeter ce qu'elle trouve monstrueux en elle. Quand Lily est surprise des effets de l'ecstasy Nina se sent étrangère au monde,  seule. Ensuite dans sa chambre, elle met la boîte à musique pour se rappeler qui elle était avant le rôle de Blak Swann. Elle espère sans trop y croire qu'ainsi tout redeviendra normal mais en vain, elle jette alors toutes ses peluches. Cette jeune femme qui n'était jamais vraiment devenue adulte décide de tuer cette partie d'elle, celle de l'enfance. On peut rapprocher ce thème de celui de l'adolescence qui constitue d'une certaine façon le meurtre d'une partie de soi, l'acceptation de son corps et de ses pulsions.

Nina apparaît ensuite plus déterminée, plus sûre d'elle.

Enfin, vient l'apogée du Lac des cygnes, l'air magistral de Tchaïkovski.  Cet air m'avait déjà envoutée avec Billy Elliott, c'est grandiose.

Le passage du saut : c'est l'irrémédiable (cf un poème de Baudelaire qui semble bien convenir au film*) , elle ne peut plus revenir en arrière, elle se sent effrayée, mais elle fait son choix et saute.

La folie se précise après cet instant fatidique, elle se regarde dans le miroir et voit son double faire d'autres mouvements qu'elle, elle se gratte le dos.

Elle rend ce qu'elle a volé parce qu'elle comprend l'enfer que cette vie peut représenter mais ce qui est perdu ne reviendra jamais vraiment.

Après 80 minutes le film se comporte comme un thriller sauf qu'ici l'ennemi c'est Nina elle-même, cette terrible menace qu'elle fuit est avant tout psychologique.

La folie prend deux aspects, d'une part Nina ne fait plus la différence entre la réalité et ses hallucinations, ce que le spectateur peine aussi à faire, de l'autre elle ne fait plus la distinction entre le Moi et l'Autre.

Et ce mal qui la ronge lui permettra d'atteindre la perfection pour cela elle sacrifiera sa vie ce qui semble en être l'inévitable prix. Contrairement à la danseuse en retraite, pitoyable, les derniers pas de Nina seront ceux de la perfection.

Quand elle croît se battre contre Lily, elle se bat en réalité contre elle-même, cela suggère que le plus beau des actes est en fait issu d'un combat intérieur. Cette guerre cruelle produira du Beau, du Beau qui dépassera les notions de Bien et de Mal.

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Il n'y a que la souffrance face à la mort qui permettra à Nina la transcendance. Thomas avait employé le terme au début du film or la transcendance c'est bien aller au delà de la vie. (en latin
transcendere signifie franchir, surpasser)


* "L'irrémédiable" de Charles BAUDELAIRE
(extrait des Fleurs du Mal)



Une Idée, une Forme, un Etre

Parti de l'azur et tombé

Dans un Styx bourbeux et plombé

Où nul oeil du Ciel ne pénètre;



Un Ange, imprudent voyageur

Qu'a tenté l'amour du difforme,

Au fond d'un cauchemar énorme

Se débattant comme un nageur,



Et luttant, angoisses funèbres!

Contre un gigantesque remous

Qui va chantant comme les fous

Et pirouettant dans les ténèbres;



Un malheureux ensorcelé

Dans ses tâtonnements futiles,

Pour fuir d'un lieu plein de reptiles,

Cherchant la lumière et la clé;



Un damné descendant sans lampe,

Au bord d'un gouffre dont l'odeur

Trahit l'humide profondeur

D'éternels escaliers sans rampe,



Où veillent des monstres visqueux

Dont les larges yeux de phosphore

Font une nuit plus noire encore

Et ne rendent visibles qu'eux;



Un navire pris dans le pôle

Comme en un piège de cristal,

Cherchant par quel détroit fatal

Il est tombé dans cette geôle;



- Emblèmes nets, tableau parfait

D'une fortune irrémédiable,

Qui donne à penser que le Diable

Fait toujours bien tout ce qu'il fait!



Tête-à-tête sombre et limpide

Qu'un coeur devenu son miroir!

Puits de Vérité, clair et noir,

Où tremble une étoile livide,



Un phare ironique, infernal

Flambeau des grâces sataniques,

Soulagement et gloire uniques,

- La conscience dans le Mal !


* Si ce film est intéressant, je ne pense pas toutefois qu'il comptera parmi mes préférés. Pour en être sûr il suffit d'attendre quelques mois et de constater ce qu'il en reste dans mon esprit !

vendredi 11 mars 2011

Betaseries : Support sériephilique ou usine à sérievores ?

Betaseries est un site, très usité par les blogueurs sériephiles où l'ont peut recenser toutes les séries déjà vues, par épisode. On peut s'y créer un planning, cela permet de ne pas se perdre à travers la multitude de programmes que l'on suit, en sachant précisément où l'on en est. L'autre intérêt, c'est que vos amis blogueurs peuvent savoir en un clic ce que vous avez regardé...ou pas !
                Toutefois, ce système me repousse parce qu'il semble trop "industriel", avoir une liste et un planning ce n'est pas un fonctionnement très spontané, d'autant plus que cela signifie créer des statistiques, bref quantifier des années de sériephilie, ramener une passion à un plan purement matériel. Cela semble d'ailleurs suivre l'évolution d'une société qui s'aseptise en sacrifiant le charme de l'inattendu ou de l'inexpliqué. Mais peut-être que je vais m'y inscrire, ce serait pratique pour mes récentes découvertes. Elles sont nombreuses et j'ai prévu d'évoluer lentement avec elles, selon mes humeurs (mais sûrement). Tout dépend de l'usage qu'on fait de betaseries même si parfois, un outil formel a le pouvoir de modifier la démarche elle-même, je pense donc tenter l'aventure en pensant le site comme un "mur des séries".

            J'espère que ça n'influencera pas ma façon de regarder les shows et que ça ne restera qu'un outil parmi d'autres. D'ailleurs, j'avais avant d'entrer sur Twitter quelques préjugés (certains vérifiés) mais mon impression générale est désormais bien différente (ce que de nombreux articles expliquent par exemple celui-ci ou celui-ci ) Je ne veux pas devenir une usine à regarder, une sérievore en quelque sorte, ce  qui m'inscrirait définitivement dans un réflexe quasi boulimique de consommation. Ainsi, j'espère rester sériephile et trouver un juste équilibre entre cette passion, le cinéma et la littérature bien sûr. (d'ailleurs je ne lis plus assez je devrais être comme le dit une de mes professeures un "aspirateur à livres" , concilier ces trois passions s'avère assez délicat, toutefois elles me semblent véritablement complémentaires et j'aime jongler avec les genres). J'hésite encore un peu, faut-il rester inflexible par rapport à ses principes ou se laisser porter par certaines modes sociétales ? Je crois, mais l'expérience le vérifiera qu'il est possible en matière de communication de faire des choix, des choix qui nous correspondent et de trouver ainsi de plaisants compromis.

jeudi 3 mars 2011

90210, une série superficielle ?

Petite bafouille sériephile...

J'ai eu envie de critiquer la série après avoir vu l'épisode 16 de la saison 3. Le personnage d'Emily fait beaucoup parler, effectivement "quelle garce". Certains voient en elle la méchante, la peste à abattre mais l'intrigue révèle surtout la superficialité des relations entre les autres personnages. Pour moi Emily agit donc comme un révélateur... Les adolescents de 90210 (on passera le réalisme, hein ça va de soi, je ne voudrais pas vous retenir trop longtemps) retournent sans cesse leur veste, aucun n'a vraiment d'amis puisque 90210 est basé sur les apparences. Annie se fait rejeter à tort dans la saison 2, on finit par la croire, elle pardonne à ses "amis". Et tout recommence dans la saison 3, si je m'appelais Melissa Leo* je m'écrierais : "wtf" ?! Comment peut-on s'attacher à de tels personnages ? Si j'étais Annie, je ne pardonnerais pas et je déménagerais au plus vite. Alors bien sûr cette série est ce qu'on appelle un "guilty pleasure", bien sûr...
http://www.90210.fr/newsart1784.jpg

Donc, après bilan j'estime que les seuls personnages respectables sont Annie et Ivy pour les filles, pas même Silver que j'appréciais pourtant ! (toutefois je n'ai jamais été une grande fan d'Ivy, les intrigues ne la servent pas)

Côté garçons, ça s'améliore...Liam est assez naïf, un peu maladroit et long à la détente, s'il comprend pour Emily il gardera un peu de mon estime.  Dixon no comment, je ne l'aime pas. Des arguments ? Ce n'est pas une série à arguments donc je n'en donnerai pas ! Navid est sympathique, un peu cliché de la jeunesse dorée mais le plus intellectuel de la bande. Teddy : son changement d'orientation sexuelle est bien trop soudain mais bénéfique au personnage.

Ade : ce personnage n'est vraiment pas crédible c'est comme si elle n'avait jamais eu d'enfant. Cela confirme un fait : les éléments scénaristiques et les acteurs sexys sont juxtaposés sans réelle cohérence pour faire de l'audience. CQFD.

Contrairement à beaucoup j'aimais bien Ethan dans la S1, alors peut-être que oui, il m'arrive d'aimer les personnages ennuyeux mais c'est seulement parce qu'ils sont plus réalistes. Quoique j'aime bien les personnages dingues quand ils répondent au concept de l'awesomeness de Barney (How I met your mother). Ce début de série n'était pas si mauvais, il m'avait un peu surprise d'ailleurs. En revanche la suite n'a fait que répondre à l'attente générale, donc un spin-off classique, et terriblement répétitif. En fait on nous sert presque toujours le même schéma, ça devient lassant. Les meilleurs exemples ? Annie et Naomi. La première, c'est la fille du Kansas qu'une peste discrédite, à qui personne ne fait confiance. La seconde est toujours tiraillée entre fille superficielle et fille sensible. Pour rentrer dans l'université de ses rêves, elle séduit un garçon, elle renoncera finalement, désormais elle a le béguin pour un intello mais ses yeux peinent à se détacher des mannequins bodybuildés qui baignent dans l'huile de bronzage. Prendra-t-elle le risque d'abimer son image de pin-up ? (magnifique cliché soit dit en passant, il est binoclard, geek, passionné par la chimie et il cite du latin) Le problème c'est que ce petit jeu recommence sans cesse et qu'elles n'évoluent jamais vraiment. Un pas en avant, deux en arrière. Dans la série One Tree Hill, les personnages ont connu une véritable évolution pour la comparaison il suffit d'observer Brooke. L'idée de la fille du Kansas qui débarque au milieu d'adolescentes superficielles  était une idée très classique (on pense à Summrland) mais pas mauvaise, malheureusement ça avait été très peu exploité. En fait 90210 c'est un patchwork avec quelques touches intéressantes et d'autres prévisibles et vides.

Le générique par exemple est excellent. Bon, je l'avoue : je n'y faisais jamais vraiment attention jusqu'à ce qu'on me fasse remarquer sa particularité. (honte sur moi, oui je sais... mais pour ma décharge je ne pensais pas trouver si habile dans la série, ce qui montre quand même le bon boulot de Rob Thomas lors des premières heures de la série, oui Rob Thomas ce génie qui a créé Veronica Mars, série héritière du film noir) Les chiffres 90210 apparaissent un par un, le 0 par une bouée, le 2 par une main, le 1 par une fille faisant la poirier...

California, here we come...





La superficialité n'est jamais critiquée, je ne crois pas que les déboires d'Annie y changent quelques chose, il s'agit simplement de faire de l'audience. Je ne crois pas non plus que les saisons s'organisent en  une réponse au pilot, à moins que le final soit sublime (improbable, d'ailleurs il n'est même pas certain que la série ait un final) et renvoie directement au premier épisode, c'est-à-dire à l'arrivée d'Annie et de Dixon. Toutefois ce guilty pleasure est beaucoup commenté et fait ainsi réfléchir aux relations humaines entre les personnages, un constat de bas-étage commun à toutes les séries dont on a peu à dire. On se rappellera finalement des personnages en marge et de quelques intrigues relativement bien menées, une surprise. L'homosexualité de Teddy a débarqué comme un cheveu sur la soupe, comme la plupart des intrigues mais elle se déploie en véritable atout de la saison 3, le thème est approfondi avec une subtilité étonnante.
On peut donc retenir des petites portions de la série mais sans aucune articulation scénaristique, cela  aurait été acceptable au début des années 90 mais désormais on a vu tellement mieux... Je suis d'ailleurs soulagée que Rob Thomas ait quitté le show. Il a probablement dû se retrouver dans la posture des pauvres scénaristes d'Episodes. Josh Wartz (vénéré créateur de The OC) a déjà créé  Gossip girl, ça suffit. Après Dawson's creek, The OC qui sous des apparences classiques a su briller, (une manœuvre astucieuse puisqu'elle a ainsi attiré l'audience sans sacrifier la qualité, la série n'a pas duré très longtemps mais son final compte parmi les plus réussis, ce qui est tout à son honneur), Veronica Mars, Gilmore Girls etc. on retourne aux clichés du teen drama, entraîné dans un mouvement régressif.  J'ai récemment  regardé le pilot de Skins, une série anglaise qui m'attirait peu. En attendant le prochain cycle du genre américain,  c'est une découverte intéressante, en tous cas plus que je ne m'y attendais... Une affaire à suivre. Pour en revenir à 90210 : on regarde la série en tant que guilty pleasure, si les potins, la plastique des acteurs, les intrigues tordues et les cliffhangers de fin d'épisode attirent les spectateurs (convenons-en c'est agréable parfois de se vider la tête) il est évident que le cadre du show a un rôle majeur,  car finalement le mieux réussi ne serait-il pas l'esprit californien, jeunesse dorée façon "sea, sex and sun" illustré par le générique ?

P-S  ASAP= as soon as possible. J'aurai au moins appris quelque chose avec 90210, et encore mieux grâce à Naomi ! Quant aux Oreo, vous aurez bien sûr noté que cela se dit cookie en américain...

* Melissa Leo, actrice américaine avait en effet fait scandale en jurant après avoir reçu l'oscar du meilleur second rôle féminin en 2011.