mercredi 19 janvier 2011

Pulp fiction, un film littéralement anthologique

Ce film est considéré comme l'un des meilleurs du cinéma américain et il possède de nombreux adeptes comme par exemple Sebmagic qui tient le site Vol au dessus du septième art. Vous trouverez sa critique ici. Mais j'avoue que je n'ai jamais été spécialement attirée par Tarantino, c'est pourquoi je n'ai jamais saisi l'occasion de regarder Pulp fiction mais je suis heureuse de l'avoir découvert aujourd'hui et d'avoir parfait ma culture cinématographique. Donc merci à Sebmagic !
Je vais vous faire part de mes impressions au fil du visionnage...
La première image que l'on aperçoit est la définition de pulp [1) la texture, la masse de matière 2) magazines bons-marchés qui publient des fictions] sur bruits ambiants, ceux des oiseaux, de la circulation, et des discussions qui prennent de l'ampleur. On commence donc par le son, l'image vient seulement ensuite. C'est astucieux, le ton est donné d'entrée : ce film sera original et décalé !
Deux individus discutent à propos de l'art du braquage. Ils sont instables, nerveux, dépendants au café. Après avoir longuement tergiversé, ils agissent rapidement, sous l'impulsion.

Il s'agit de montrer le décalage entre la violence, l'agressivité dont sont capables ces criminels et leur humanité lorsqu'il discutent à propos de sujets plus ou moins dérisoires. Par exemple lorsque Jules et Vincent parlent de séries TV, cela prête à sourire.
D'ailleurs je soutiens Vincent :  masser les pieds, ce n'est pas rien !
Pour ces gangsters c'est un métier comme un autre, c'est un rôle à jouer.
Jules cite la Bible et combat donc le malin !
Cela me fait penser à une interview de Robert Kneper sur l'interprétation de méchants. L'acteur qui s'est principalement fait remarquer pour ses rôles de criminels dans Prison Break (T-Bag) ou Heroes (interview écrite + une vidéo) dit qu'un méchant a des motivations en lesquelles il croit, il ne fait pas les mêmes choix que nous mais il est tout autant humain, il doit être complexe et ambigu pour susciter l'intérêt. C'est le cas avec ces deux gorilles qui ont leur propre morale et pensent être dans leur bon droit.
On accorde beaucoup d'importance au regard, c'est la force du cinéma que le film maîtrise parfaitement. Il s'agit de regarder en face, un thème récurrent qui jalonne en effet le film.
Marsellus, le grand chef reste longtemps invisible : on l'aperçoit de dos après vingt minutes. Sa présence en est donc d'autant plus forte, ce personnage effraie, il possède un charisme impressionnant.
Tous les aspects de la criminalité sont passés en revue : drogue, braquages, meurtres... C'est un vrai film de gangsters !
Évocation de la cuisson dans le bar rock'n roll : carbonisée ou sanguinolente. Cela résume tout l'excès des personnages, leur violence.
Pulp fiction brille par son réalisme grâce aux plans subjectifs ou aux dialogues qui n'hésitent pas à aborder longuement des thèmes de la vie quotidienne tels que les hamburgers ou à s'éclipser au profit de silences gênants.
Une scène d'anthologie :  la danse au restaurant rétro.

Avec la musique, les hamburgers, Marylin, les coupes de cheveux c'est un vrai voyage dans le temps, vers une vieille Amérique.
Autre thème : les promesse non tenues, c'était la toute première discussion du film, on retrouve ce motif avec Vincent qui se convainc de partir. (on ignorera s'ils prendront finalement leur retraite, qu'il s'agisse de Vincent ou du petit braqueur, Tarantino a décidé de laisser planer beaucoup de mystère sur Pulp fiction)
En fait dans ce film il s'agit toujours de mensonge et de jouer un rôle, c'est peut-être une métaphore du cinéma. Les références aux films (notamment Grease, un clin d’œil apprécié par le public de masse qui identifie naturellement Travolta à Danny) sont extrêmement nombreuses.
"la loyauté c'est très important"  Vincent 50' Il existe bien un code du malfrat, du gangster c'est récurrent dans ce genre de films.
Je savais bien que l'acteur jouant Lance me disait quelque chose : Eric Stoltz a interprété M. Dimitri dans Once & again, une série familiale. Un rôle bien différent puisqu'il était un professeur de littérature passionné.  (et passionnant)
La structure narrative est vraiment surprenante. On ne peut la comprendre qu'à la fin en raison des flashforwards.
C'est étrange parce que les deux malabars ont tué 3 personnes sans ciller mais la réaction de l'un face au miracle divin le rend presque sympathique. Ensuite il panique à cause d'une serviette tâchée de sang, c'est qu'il est très soigneux notre criminel !
"moi j'ai les yeux grand ouverts" Encore le motif du regard, du courage.
La scène où Jules et Vincent nettoient la voiture me fait penser à la série Breaking bad, lorsqu'ils doivent faire disparaître un corps.

A la 130ème minute on rejoint enfin les premiers personnages apparus. Jules veut protéger les faibles. La fin assez drôle  conclut le film en respectant son ton principal :  décalé ! La synchronisation des deux acteurs, leur tenue, leur naturel en regardant les clients du coffee shop laisse au spectateur l'étonnement qu'il avait au début du film.
CONCLUSION
La réalisation du film, le scénario sont très bons, il est très intéressant de l'étudier néanmoins il ne s'agit pas vraiment du cinéma qui m'attire. En tant que sériphile j'éprouve probablement le besoin de  m'attacher aux personnages et ça ne prend pas avec Pulp fiction. Mais je reconnais le talent délirant de Tarantino. Le film ne juge pas les personnages et demeure un mystère à bien des sujets, ce qui est appréciable mais je ne le qualifierai pas de chef d'oeuvre. Son but est d'être délirant, impressionnant (surtout côté réalisation), les techniques narratives sont innovantes mais je ne le trouve pas véritablement profond.  Rien ne ressort de ce film, tout est dérisoire, on n'a donc pas à s'intéresser vraiment aux personnages, malgré le réalisme du film on n'oublie jamais que c'est une fiction. (mais c'est volontaire) Chaque élément nous dit que la technique cinématographique est maîtrisée, c'est un prétexte à exceller  dans  ce domaine c'est probablement le film qui démontre le mieux l'art de Tarantino. Il s'agit donc comme une célébration du cinéma américain par l'un de ses surdoués, cela apparaît même dans le casting notamment avec Travolta. Je regarde peu de films de gangsters mais le Parrain m'a laissée un souvenir impérissable, bien plus profond. Je pense que la psychologie y tenait une place plus importante et il ne faut pas oublier qu'il possède aussi des scènes d'anthologie considérées comme les meilleures du cinéma américain. En fait, il me manque une petite étincelle pour apprécier Pulp fiction qui n'appartient déjà pas à mon registre habituel mais en le voyant j'ai pensé qu'il représentait à merveille le septième art américain. Les États-Unis sont donc le pays de la pulp fiction !
Et un extrait pour terminer :


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire